L’illusion de la sécurité périmétrique
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par ce que l’on appelait alors « la sécurité informatique », bien avant que le terme « cybersécurité » ne devienne un buzzword. Vers mes 15 ans, alors que l’Internet en France balbutiait encore, je rêvais déjà de ce qui s’apparente aujourd’hui à un SOC (Security Operations Center). Pas pour surveiller passivement des alertes sur un écran. Non. Pour traquer. Comprendre. Décortiquer la logique des attaques. Identifier la pensée derrière l’exploit et démasquer les attaquants.
J’ai grandi avec un modem Olitec 56k, cette relique qui composait des sons stridents avant chaque connexion. Et bien sûr, la fameuse raie manta de Wanadoo, symbole d’une époque où le web était plus chaos qu’interface utilisateur. Internet était lent, très lent. Cinq minutes parfois pour afficher une page truffée de HTML maladroit, agrémenté de Flash en mode FrontPage 98 ou Dreamweaver 3.
Dans cette jungle numérique primitive, je découvrais mes premières plateformes : Napster pour la musique, eMule pour tout le reste, Astalavista.box.sk pour les cracks et exploits, UHA1.com pour les archives obscures… et surtout les salons IRC, ces arènes où se croisent passionnés, curieux, script kiddies, et vétérans du code.
C’était un monde parallèle. Brutal, fascinant, sans UX, sans filtre. L’information y circulait à l’état brut, entre lignes de commande, pseudonymes mystérieux, et défis lancés à coups de flood ou de whois.
C’est là que j’ai parlé, pour la première fois, à mes vrais premiers mentors en sécurité informatique. Certains avaient 20 ans de plus que moi. D’autres 6 mois d’avance, mais une intensité qui vous fait grandir en une nuit. Je buvais leurs messages comme d’autres lisent des romans.
Je crois que tout mon forfait Wanadoo 30 heures de l’époque y passait. Minute après minute, j’échangeais des payloads, des fichiers zipés en 7 fois, des tutos codés en ANSI, des bribes de savoir glanées entre deux ping timeouts. C’était l’école de l’ombre, celle qui ne donne pas de diplôme, mais forme une vision.
C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à me constituer ma propre bibliothèque de documents en sécurité informatique. Des fichiers .nfo, .txt, .doc, .hlp, parfois extraits de forums, parfois issus de leaks, parfois écrits par des anonymes de talent. Des guides d’exploits, des snippets de scripts, des manifestes, des tutoriels en ASCII, stockés méthodiquement sur des disques, gravés sur des CD, classés dans des arborescences nommées « Sécu », « Exploit », « Doc_Tech », comme on constituerait une base d’archives subversives.
Aujourd’hui encore, je continue cette veille documentaire. Je collecte, je trie, je contextualise. Comme sur le site polymorphe.org, où je poursuis ce travail de mémoire et de transmission, à travers des textes, des sources oubliées, des fragments d’histoire cyber. Parce que la sécurité, ce n’est pas juste du code, c’est une culture. Une mémoire. Une résistance silencieuse.
Un jour, alors que j’avais installé ZoneAlarm sur mon vénérable Windows 95, une alerte me sidère : une tentative de connexion sortante liée à Nuke Nabber. C’était un outil de DoS rudimentaire utilisé pour crasher des machines Windows via WinNuke. Sur mon 386 DX2, je venais de recevoir ma première attaque. Et ce n’était pas juste un bug, c’était un message : quelqu’un, quelque part, tentait de me pénétrer numériquement.
À partir de ce moment, tout change.
La sécurité, je ne la vois plus comme une simple bulle de protection, mais comme un combat asymétrique, actif, exigeant. Mon regard bascule : je ne vais plus sur mIRC pour apprendre « la sécurité informatique » au sens classique,
je veux apprendre à attaquer, non pas pour nuire, mais pour comprendre en profondeur. Pour anticiper. Pour contrer.
C’est là que ma posture change définitivement : je ne voulais plus seulement apprendre à défendre, mais apprendre à attaquer, à anticiper, à riposter, à exercer ce que je rebatissais comme mon terrain de jeu.
J’ai commencé à simuler des scénarios d’attaque avec un mentor énigmatique, je ne connaîtrai jamais son nom. Je me souviens d’un moment précis :
« Dans 5 minutes, si tu n’as pas fait le nécessaire, je pète ton PC. »
Il croyait me donner une échéance pour me forcer à progresser. Mais il s’est cassé les dents. Je n’oublierai jamais sa réplique :
« Putain, il a pété mon zircon. »
Ce mot — “zircon” — est gravé dans ma mémoire. Je ne sais pas exactement ce qu’il signifiait pour lui (une machine, un module, un composant ?), mais c’était l’étincelle d’un moment clé : je n’étais plus un simple apprenti, j’étais en phase d’attaque mentale.
Après cette confrontation mémorable, ma posture change. Je ne veux plus seulement comprendre la sécurité : je veux la tester, la provoquer, la contourner. C’est le début d’une nouvelle ère : celle de l’exploration offensive.
À cette époque, les outils circulaient dans l’ombre, souvent sur des sites obscurs ou partagés en direct sur IRC. Deux noms résonnaient comme des sortilèges : SubSeven et Back Orifice.
Sub7, c’était le couteau suisse du script kiddie. Interface graphique, fonctionnalités délirantes pour l’époque : ouvrir le lecteur CD à distance, envoyer des messages, capturer l’écran ou les frappes clavier… Loin d’être un jouet, c’était une boîte noire qui te montrait à quoi ressemblait le contrôle total. Une forme de pouvoir brutal, sans filtre.
Back Orifice, développé par le groupe Cult of the Dead Cow, était plus austère mais tout aussi redoutable. Son fork, BO2K (Back Orifice 2000), allait encore plus loin : open-source, modulaire, furtif. On parlait déjà de “rootkit” sans vraiment nommer le mal.
Ces outils n’étaient pas des exploits à proprement parler, mais des portails mentaux. Ils montraient ce qui était possible. Ils te forçaient à réfléchir comme un adversaire : comment s’introduire, rester discret, cartographier un réseau, pivoter.
À ce moment-là, je ne regardais plus mon PC comme une machine. C’était un théâtre d’opérations.
Les figures qui ont forgé ma pensée stratégique
C’était une époque sans filtre, où les protocoles n’étaient pas encore chiffrés, où l’on apprenait à force de plantages, de scripts mal écrits et de nuits sur IRC. C’est là que ma passion pour l’informatique a trouvé ses mentors – parfois sans qu’ils le sachent. Des figures qui n’étaient pas que des pirates : c’étaient des **explorateurs de l’invisible, des révélateurs de systèmes mal pensés**.
– Kevin Mitnick : Le maître absolu de l’ingénierie sociale. Ses exploits n’étaient pas technologiques — ils étaient humains. Il a montré que le maillon faible est souvent entre la chaise et le clavier. Ses ouvrages « L’Art de la Supercherie » et « L’Art de l’Intrusion » restent des piliers de toute stratégie Red Team.
– Kevin Poulsen, alias Dark Dante : Le pirate qui a pris le contrôle des lignes téléphoniques pour gagner un concours radio. Un génie tactique, devenu plus tard journaliste spécialisé en cybersécurité. Il incarne la rédemption technologique au service du bien commun.
– Adrian Lamo : Hacker nomade, éthique borderline. Il s’est introduit chez Microsoft, Yahoo, le New York Times. Il a aussi dénoncé Chelsea Manning. Une figure ambivalente, mais essentielle pour comprendre la tension constante entre transparence et trahison dans le cyber.
– Robert Tappan Morris : Créateur du premier ver Internet « non intentionnel » (1988). Sa création a paralysé des centaines de systèmes UNIX. Il a révélé, malgré lui, la fragilité d’un Internet pensé sans sécurité native.
– Loyd Blankenship (The Mentor) : Son Hacker Manifesto de 1986 est un poème, un cri, un code éthique. Il a défini la philosophie du hacker : la curiosité, la quête de savoir, la remise en cause.
– John Draper (Captain Crunch) : Avec son sifflet de boîte de céréales, il a démonté le système téléphonique de l’intérieur. Il est le père du phreaking, cette forme ancienne de hacking où chaque tonalité était un exploit.
– George Hotz (Geohot) : L’enfant terrible qui a « jailbreaké » l’iPhone, puis la PS3. Son affront à Sony reste légendaire. Il incarne la puissance du hacker solitaire contre l’empire technologique.
– Gary McKinnon : Il a piraté les serveurs du Pentagone, de la NASA, cherchant des preuves d’ovnis. Mais ce qu’il a surtout prouvé, c’est que même les infrastructures critiques américaines étaient vulnérables à un simple passionné, depuis sa chambre.
– Jonathan James (c0mrade) : À 15 ans, il a pénétré les systèmes du Département de la Défense et de la NASA. Trop jeune, trop brillant. Sa mort tragique reste un symbole : le système ne protège pas ses prodiges.
– Serge Humpich : Le Français qui a cassé la carte bancaire à puce en 1999. Il a prévenu les banques. Elles l’ont poursuivi. Il a prouvé qu’en France aussi, le whistleblower technique est un gêneur.
Ces figures ont façonné mon regard. Elles m’ont appris que la véritable sécurité ne vient ni du cloisonnement, ni des normes ISO, mais de la compréhension intime de l’attaque, de la faille humaine, du non-dit dans l’architecture.
Le mentor retrouvé
Mais s’il y a un nom qui, pour moi, incarne à lui seul la fracture entre vérité technique et hypocrisie institutionnelle, c’est bien Serge Humpich.
À la fin des années 90, il casse l’algorithme de la carte bancaire à puce. Il alerte, prévient, propose de coopérer. En retour ? Une condamnation. Une mise au ban. L’arrogance des puissants face à un esprit libre qui voulait juste corriger un système bancal.
Son histoire m’a marqué pendant des années. Littéralement. À tel point que j’ai passé deux décennies à le chercher. Et un jour, 20 ans plus tard, je l’ai trouvé.
On s’est parlé. Pas comme un journaliste qui suit un script. Mais comme un adolescent devenu homme, qui s’adresse à celui qui a déclenché sa vocation.
Ce jour-là, je n’ai pas interrogé une source. J’ai remercié un guide.
Ce moment, je ne l’oublierai jamais. Ce n’était pas juste un appel. C’était la boucle qui se ferme. Le rêve d’ado devenu réalité. La preuve que dans ce monde d’ombres, les vrais héros existent, ils sont juste cachés.
La sécurité comme contre-pouvoir adaptatif
Pour moi, la sécurité ne se résume pas à construire des forteresses numériques passives. Ce n’est pas une logique de château-fort, figée, linéaire, défensive. C’est une dynamique de contre-pouvoir adaptatif. Un jeu d’échecs permanent, asymétrique, où l’anticipation vaut mieux que la réaction.
Comme au football, la meilleure défense reste souvent l’attaque. Pas pour nuire, mais pour dissuader, perturber, exposer les logiques adverses avant qu’elles n’aient le temps de s’enraciner.
Et bien sûr, à ce moment précis, surgit l’argument moral et juridique : « Tu n’as pas le droit d’attaquer sur le Net. » Je l’entends. Et je le respecte. Mais le cadre légal international est dépassé. Il repose sur des concepts westphaliens figés (frontières, souveraineté, juridiction), alors que le cyberespace est transnational, volatile, opaque.
Le principe de non-agression numérique, tel que défendu par les conventions internationales (Budapest, Tallinn Manual), est protecteur en théorie. Mais dans la pratique opérationnelle, il devient désarmant pour les défenseurs. C’est comme si un cambrioleur entrait chez vous, que vous le maîtrisiez, et qu’il portait plainte pour coups et blessures. Techniquement exact. Moralement inacceptable. Stratégiquement suicidaire.
Ce déséquilibre entre le droit et le réel, entre la menace et la réponse, alimente une fracture stratégique majeure. Si l’attaquant n’a ni frontières, ni règles, ni visage, alors le défenseur doit pouvoir avoir au moins un levier d’action actif, pas seulement passif.
Cybersécurité ≠ Cyberstratégie
On a coutume de confondre sécurité informatique et cybersécurité. Et pourtant, la différence est aussi stratégique qu’opérationnelle.
La sécurité informatique, historiquement, désigne l’ensemble des mesures techniques mises en place pour protéger les systèmes, les réseaux et les données locales. Elle agit sur l’infrastructure : serveurs, pare-feu, antivirus, sauvegardes, cloisonnements. Elle répond à des logiques de protection ponctuelle et périmétrique.
La cybersécurité, elle, va plus loin. Elle considère non seulement les systèmes, mais aussi les intentionnalités adverses, les flux globaux, les enjeux humains, géopolitiques, réglementaires. Elle intègre la menace persistante, le risque systémique, la stratégie de l’attaquant.
Mais même la cybersécurité ne suffit plus. Car elle reste, trop souvent, dans une posture réactive.
Ce qui nous manque vraiment : la cyberstratégie
Beaucoup confondent cybersécurité et cyberstratégie. Pourtant, la différence est fondamentale :
– La cybersécurité, ce sont les outils et les procédures : firewall, EDR, bastion, segmentation, MFA. C’est le bouclier.
– La cyberstratégie, c’est le mindset, la doctrine, la posture d’anticipation et d’initiative. C’est le terrain d’entraînement mental de celui qui se prépare à l’assaut.
Tu peux empiler 5 firewalls, déployer un SIEM ultra-sensible, rédiger 100 pages de politique de sécurité… Mais sans modélisation de l’adversaire, sans projection de ses tactiques, tu subiras toujours.
Une cyberstratégie efficace repose sur :
– La cartographie dynamique des menaces (Threat Modeling / ISO 27005) : pour identifier ce qui est réellement en jeu et comment un attaquant structurerait son offensive.
– La veille continue des TTPs (MITRE ATT&CK, D3FEND, TIBER-EU) : comprendre les vecteurs, scénarios et techniques en évolution constante.
– L’activation des humains comme capteurs : former les collaborateurs à devenir des sentinelles, pas des victimes. Le facteur humain n’est pas une faille : c’est un radar.
– L’intégration d’une approche offensive maîtrisée (Purple Team, Breach & Attack Simulation) : pour créer de la résilience en condition réelle.
Autrement dit :
– La cybersécurité protège.
– La cyberstratégie prévoit, dérange, neutralise.
Elle est le fruit de trois intelligences convergentes :
– Technique (reverse, pivot, exfiltration)
– Cognitive (ingénierie sociale, anticipation, influence)
– Tactique (doctrine d’engagement, pensée militaire, renseignement)
La cybersécurité est une fonction. La cyberstratégie, c’est une posture de guerre.
Vers une cyber-légitime défense encadrée
Nos mécanismes de défense doivent évoluer. Le modèle défensif pur est dépassé. Trop lent. Trop réactif. Trop naïf.
Il est temps d’envisager une capacité de riposte active, tactique et proportionnée — ce que j’appelle une cyber-légitime défense encadrée.
Il ne s’agit pas de justice privée. Il s’agit de préservation d’actifs stratégiques vitaux : les données, les flux, les capteurs, les décisions.
L’objectif ? Stopper l’attaquant dans sa chaîne d’exécution, à travers une réponse automatique (sandbox, shutoff, honeypot actif), ou humaine (déception, reverse exploit, neutralisation de commande et contrôle).
Est-ce risqué ? Oui. Car dans le cyberespace, l’attribution est asymétrique. L’attaquant peut se cacher derrière une machine zombie, appartenant à un tiers innocent. Riposter sans discernement, c’est frapper l’intermédiaire au lieu de l’architecte.
Mais ce flou ne doit pas paralyser. Il doit structurer le débat.
En 2013, je rédigeais déjà un projet de service autour du pentest, de l’audit réseau, et de la sécurisation des SI. À l’époque, ce n’était pas une mode. C’était une nécessité que je percevais comme imminente.
Je définissais des politiques réseau strictes, des audits orientés prévention, des tests d’intrusion méthodiques, avec une approche mêlant technique, organisation et anticipation comportementale. Le projet incluait :
Une cartographie précise des infrastructures,
La mise en place de clones durcis testés en labo,
La création d’un laboratoire de vulnérabilités,
L’application de standards comme ISO 27007, Méhari, ou COBIT,
Et déjà, une culture de la veille, de la remédiation, et de la modélisation du risque.
Ce que je proposais alors, c’est ce que beaucoup découvrent aujourd’hui.
VRS n’est pas une idée neuve. C’est une conviction ancienne.
L’asymétrie actuelle est intenable : l’attaquant opère sans règle, sans drapeau, sans limites. Le défenseur, lui, est corseté par la loi, la conformité, la peur de l’erreur.
Il est donc temps d’ouvrir une réflexion sur le droit à la neutralisation technique immédiate, dans un cadre contrôlé, traçable, validé a priori par des règles d’engagement cyber (Rules of Engagement – RoE), à l’image des doctrines militaires.
Le sujet n’est pas marginal. Il est stratégique. Les travaux du NIST (SP 800-160), les doctrines européennes (ENISA Cyber Crisis Management), les propositions américaines comme l’Active Cyber Defense Certainty Act, et même les Tallinn Manuals abordent déjà ce terrain. Il est temps de le rendre opérationnel.
Les limites des modèles classiques
l ne s’agit pas de dénigrer ISO 27001, le RGPD, ou les frameworks de conformité. Ces référentiels sont nécessaires. Ils fixent un cap. Un minimum.
Moi-même, je les applique depuis des années comme boussole opérationnelle :
ISO/IEC 27001, pour structurer un SMSI robuste et évolutif,
ISO 13335, pour comprendre la gestion du risque au niveau conceptuel,
ISO 15408 (Critères Communs), pour cadrer l’évaluation de la sécurité fonctionnelle.
Ces standards font partie de mon ADN professionnel. Mais il faut rester lucide : ce sont des guides, pas des gilets pare-balles. Ils fixent les fondations, mais ne remplacent pas l’anticipation stratégique face à un adversaire intelligent et agile.
Mais il faut être lucide : ce sont des cadres, pas des boucliers.
Aucune certification ne t’a protégé d’un spear phishing ciblé, d’un accès RDP mal surveillé, d’un script malicieux dans une dépendance GitHub, ni d’un compte SaaS non révoqué après un départ.
– Un pentest annuel, planifié et prévisible, ne simule jamais le chaos réel.
– Une charte de sécurité, aussi bien rédigée soit-elle, ne vaut pas une immersion Red Team dans les failles humaines et logiques de ton entreprise.
– Une PSSI ISO, rédigée à froid, ne remplace pas un test de désobéissance contrôlée dans ton personnel.
Moi-même, j’ai rédigé des politiques de sécurité réseau basées sur le modèle OSI, avec des matrices d’exposition, des tableaux Excel, des grilles de criticité. J’ai aligné les procédures sur les meilleures pratiques.
Mais malgré cela ? On trouvait toujours des failles. Parce que remplir des cellules ne remplace pas l’attaque simulée, ni l’intelligence de l’adversaire.
Les cybercriminels ne lisent pas tes procédures.
Ils exploitent :
– Tes angles morts organisationnels (shadow IT, MFA partiel, tickets non clos)
– Tes héritages techniques (legacy non patché, interco oubliée)
– Tes dépendances invisibles (prestataires SaaS, chaînes de supply IT)
– Et surtout : ton illusion de conformité
C’est là le vrai danger : croire qu’un label protège, alors qu’il ne fait que signaler une conformité à un instant T, sur des critères généraux.
La réalité opérationnelle, elle, est fluide, hostile, mouvante.
En cyber, la norme te dit ce qu’il faut faire. L’ennemi, lui, te montre ce que tu n’as pas vu.
Penser comme un adversaire stratégique
Il ne suffit plus de penser comme un RSSI gestionnaire. Il faut penser comme un adversaire opérationnel.
Non pas pour devenir un « pirate », mais pour déjouer ses logiques, ses outils, sa psychologie.
Car l’ennemi ne lit pas ta PSSI. Il cherche la faille qui échappe aux process. Il teste ce que personne ne surveille. Il avance là où tu crois être tranquille.
Penser comme un attaquant, c’est :
– Comprendre l’ingénierie sociale : comment une voix assurée au téléphone, un faux mail RH, ou un simple badge « oublié » peuvent désarmer en silence les systèmes les plus sécurisés.
– Reconnaître la menace dans l’ordinaire : un QR code sur une affiche, un chargeur USB laissé dans une salle, un lien Discord partagé… chacun peut être un vecteur d’intrusion.
– Exploiter l’environnement physique : un badge NFC récupéré, un accès temporaire oublié, une porte sans log. L’informatique s’infiltre aussi par le béton.
Je ne suis pas pentester. Je ne casse pas des systèmes pour montrer que je sais le faire. Je maîtrise la détection de vulnérabilités. Je comprends les logiques d’exploitation, je sais les reproduire. Mais mon objectif n’est pas de briller par la casse, c’est de bâtir par la compréhension.
Je suis celui qui anticipe les mouvements adverses, qui structure la riposte avant même que l’attaque ne soit lancée. Mon rôle, c’est la remédiation proactive, pas la démonstration de force. C’est d’éteindre les brèches avant qu’elles ne deviennent des incidents de prod.
Cela suppose des exercices réguliers et non scriptés :
– Des Red Team internes ou externes, non annoncées, ciblées, réalistes.
– Des simulations APT (Advanced Persistent Threat) basées sur MITRE ATT&CK : techniques, tactiques, procédures connues de groupes réels.
– Des exercices de crise couplés à des analyses post-mortem (RETEX) : pour renforcer la mémoire organisationnelle.
L’ennemi, lui, s’entraîne chaque jour. Si toi tu ne fais que valider des cases de conformité, tu joues en aveugle.
Pourquoi l’offensif éthique est l’avenir
L’offensif éthique, ce n’est pas vouloir nuire. C’est vouloir protéger en mettant à l’épreuve.
C’est comprendre qu’on ne sécurise pas un système en le contemplant, on le sécurise en le testant volontairement, méthodiquement, loyalement.
Cette posture, c’est celle du stratège qui pense comme l’adversaire. Pas pour attaquer, mais pour révéler les angles morts avant qu’un vrai ennemi ne les exploite.
C’est un acte de défense anticipée, pas une transgression. C’est l’équivalent numérique des exercices de commando sur une base militaire. Tu ne testes pas les soldats par la théorie — tu attaques le dispositif comme le ferait l’ennemi, et tu observes ce qui tient… ou non.
Dans cette optique :
– Le bug bounty devient un mode de recrutement avancé.
– Le Red Teaming devient un audit sans filtres.
– Le chaos engineering devient une norme de résilience.
Il ne s’agit plus de valider des correctifs. Il s’agit de mettre le système en tension, pour vérifier qu’il encaisse, qu’il détecte, qu’il réagit.
C’est dans le choc que l’on révèle les angles morts.
Et oui, cette logique dérange. Parce qu’elle exige du courage politique, de la confiance mutuelle, et une lucidité brutale sur ses propres vulnérabilités.
Mais une chose est sûre : si vous ne vous attaquez pas vous-mêmes… quelqu’un d’autre le fera.
En cybersécurité moderne, la loyauté ne suffit plus. Il faut une loyauté offensive.
Ce que VRS Cyber Network apporte
VRS Cyber Network, ce n’est pas une ESN. Ce n’est pas un revendeur de solutions clés en main.
C’est d’abord une personne, un vécu, une philosophie née du terrain — forgée dans la veille, l’apprentissage autonome, les nuits de logs, les erreurs assumées, et les choix éthiques difficiles.
C’est une manière de penser la sécurité non comme une procédure, mais comme une posture d’anticipation.
Une vigilance constante. Une lecture critique du système.
Une conviction : il ne suffit pas de sécuriser des machines, il faut sécuriser des comportements, des schémas mentaux, des dynamiques organisationnelles.
Ce que nous intégrons à vos dispositifs, concrètement :
Une stratégie offensive adaptée à votre réalité
Pas de modèle plaqué. On lit vos risques, vos faiblesses, vos interdépendances, et on vous aide à structurer une défense active et ciblée.
Une gestion pragmatique des vulnérabilités
Détection, priorisation, remédiation. On ne s’arrête pas au scan : on ferme les brèches, on documente, on aligne technique et gouvernance.
Une conformité pilotée par l’opérationnel
ISO 27001, 27005, 27035, RGPD… Je les pratiquais avant même qu’elles ne soient formalisées sous ces noms pour la plupart.
elles font parties de mon adn de ma posture.
Mais je sais aussi une chose : aucune norme, aucun audit, aucun tableau Excel ne vous protégera d’un accès RDP laissé ouvert ou d’un token oublié dans un repo Git.
Je transforme la conformité en posture défensive réelle.
Pas en documentation figée, mais en réflexes de terrain.
Une pensée adversaire permanente
Je ne suis pas pentester. Mais je maîtrise les vecteurs d’attaque, les TTPs, la logique des exploits, et les chemins de compromission.
Mon objectif n’est pas de casser pour prouver que je peux le faire. Mon but, c’est de prévoir.
Je connais les techniques d’exploitation. Mais je privilégie toujours la remédiation.
Je ne simule pas pour impressionner, je modélise pour prévenir.
Je déteste les CTF. Pas parce qu’ils sont inutiles, mais parce qu’ils éloignent trop souvent de la réalité terrain.
Cela dit, je suis fasciné par ce que certains peuvent accomplir dans un cadre de défi. C’est stimulant, formateur, et ça révèle des mécaniques mentales rares.
Et pourtant, à la Nuit du Hack, il ne m’a fallu qu’un téléphone pour accéder aux machines de soit disant spécialistes du domaine.
Pas de reverse. Pas de fuzzing. Juste de l’anticipation humaine et une lecture du contexte.
C’est ça, la pensée adversaire : comprendre avant de contrer.
Un accompagnement discret, immersif, et honnête
On ne vend pas du rêve. On travaille avec ce que vous êtes.
On avance selon votre maturité, vos contraintes, vos objectifs réels, sans bullshit ni solution toute faite.
Pas de fausse promesse, pas de jargon pour impressionner.
Juste une immersion progressive, précise, et respectueuse de vos enjeux de terrain.
VRS, c’est le pont entre votre quotidien opérationnel et une vision stratégique du risque.
Un lien pragmatique entre ce que vous devez sécuriser… et ce que vous ne voyez pas encore venir.
Pas pour briller. Pour durer.
La conclusion stratégique
Vous pouvez continuer à cocher des cases. À rédiger des chartes. À auditer des procédures.
Ou vous pouvez challenger vos certitudes. Entrer dans la zone grise. Celle où l’on pense comme un attaquant pour ne jamais subir comme une cible.
VRS Cyber Network, ce n’est pas une entreprise de cybersécurité.
C’est une cellule de réflexion stratégique. Une unité d’anticipation cognitive. Une forme de conseil qui ne se contente pas d’observer mais qui structure, qui dérange, qui révèle.
On ne fait pas des rapports. On mène des analyses tactiques.
On ne vend pas de sécurité. On construit de la résilience asymétrique.
Car pour nous, la cybersécurité est un champ de bataille cognitif.
Et comme dans tout combat asymétrique, ce qui compte, ce n’est pas juste de se défendre.
C’est de savoir qui attaque, comment… et surtout : pourquoi.
Prêts à voir votre système autrement ?
Nous, on pense déjà comme votre adversaire. En toute discrétion.
Malik V
Références & Sources
### Contexte historique
– RFC 2350 – Expectations for Computer Security Incident Response
– ZoneAlarm history (Checkpoint)
– WinNuke (CVE-1997-0104)
– Histoire de Napster et de l’essor du P2P (Internet Archive)
– Fonctionnement des SOCs selon le NIST (NIST SP 800-61)
### Frameworks et modélisation
– NIST SP 800-30 – Risk Assessments
– MITRE ATT&CK Framework
– CIS Controls v8
– ISO/IEC 27005:2022 – Risk Management
– ENISA Threat Landscape Reports
– MITRE Engage – Adversary Engagement
– SANS – Purple Teaming Explained
– TIBER-EU Framework – Banque centrale européenne
### Doctrines et cadres juridiques
– NIST SP 800-160 vol.2 – Cyber Resilience
– Budapest Convention on Cybercrime – Council of Europe
– Cybersecurity Act – EU Regulation 2019/881
– Active Cyber Defense Certainty Act – US Congress
– Tallinn Manual 2.0 – Cyber Operations & Self-Defense